Lors de son assemblée plénière du 26 octobre dernier, le président de la Région Paca a fait voter un rapport concernant la candidature de la région pour les prochains Jeux olympiques et paralympiques d’hiver, en 2030. Ce vote est intervenu quelques jours après celui de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, partenaire dans cette candidature commune des Alpes françaises et après une campagne de communication intense du président de la Région PACA tant auprès des médias que des élus de la région et des associations de défense de l’environnement.
A l’appui de cette communication, Monsieur Muselier nous sert de nouveau les arguments tant entendus de jeux prétendument durables, économes et avec un impact environnemental limité. Afin d’asseoir sa décision de candidature qui fait l’objet de nombreuses oppositions, la région a sorti récemment un sondage IFOP dont les biais et les manquements aux règles régissant les sondages laissent perplexe.
Mais surtout, une fois encore l’impact budgétaire d’une telle candidature est largement sous-estimé et s’inscrit dans une situation budgétaire régionale qui est loin d’être rose.
En effet, le rapport d’observations définitives sur la région PACA émis par la chambre régionale des comptes le 5 mars 2020, démontre que l’encours de dette de la région PACA par habitant, en augmentation constante entre 2015 et 2018, se situe à un niveau très nettement supérieur aux autres régions. Il en est de même pour l’annuité de la dette qui a enregistré une hausse de 12% sur la même période.
C’est ainsi que selon l’avis du 24 octobre 2024 du Conseil Economique, Social et Environnemental Régional sur les orientations budgétaires de la région Sud PACA pour l’année 2024, la capacité de désendettement de la région PACA se situait en 2023 à 7 ans contre 5,7 années pour 2022.
Cette augmentation de la dette ne tient pas encore compte de l’impact de la tenue des JOP de 2024 à Marseille, avec les dépassements budgétaires inévitables (notamment concernant la sécurité (voir le rapport de la cour des comptes sur les JO 2024 de juin 2023).
Rajouter à cette dette, déjà très nettement supérieure à la moyenne, les autres dettes et garanties liées à la tenue des JO 2030, apparaît totalement irresponsable ; pour rappel, les garanties liées aux JO 2024 (garantie liée aux différents risques supportés par le pays/ville hôte outre celles liées aux emprunts souscrits par le CIO) s’élèvent à 3 milliards d’euro (source rapport cour des comptes juin 2023).
Cet engagement de fonds publics de la part de la région PACA interviendrait dans un contexte économique et social où la hausse des taux d’intérêt, la baisse des recettes, une croissance qui s’affaiblit et un contexte géopolitique très instable ayant des répercussions sur les coûts de l’énergie et de nombreuses matières premières. Dans ces conditions, où la Région sera amenée à opérer d’inévitables arbitrages, le Conseil Economique, Social et Environnemental PACA a dû indiquer dans son avis rendu le 24 octobre dernier que ‘le CESER souhaite que [ces] choix répondent au mieux aux besoins des habitants du territoire (…) et qu’un contrôle et une analyse fine de chaque dispositif de dépenses devront être mis en place, tout en cherchant à optimiser les services rendus à la population’.
Peut-on réellement considérer que la candidature de la région PACA aux JO 2030 répond au mieux aux besoins des habitants du territoire ou qu’elle constitue un service rendu à la population, alors que toutes les études ont démontré que les grands évènements sportifs et notamment les JO n’ont apporté aux habitants que des dettes durables ? Devons-nous rappeler à Monsieur Muselier qu’il s’agit d’argent public dont il ne peut disposer à sa guise sans transparence ni redevabilité envers la population qu’il engage financièrement contre son gré ?
Par ailleurs, ce même Conseil Economique, Social et Environnemental Régional a indiqué dans son avis du 24 octobre 2023 : ‘Le CESER s’interroge sur la contradiction entre les objectifs du plan climat et les conséquences de certains projets soutenus par la Région en termes climatiques, tels que la candidature de la Région pour les JO d’hiver 2030′.
Comme on peut le voir, le passage en force de monsieur Muselier est loin d’emporter l’adhésion et de duper la population, y compris les instances de conseil de la société civile qu’il ne saurait qualifier de rajeux ou rageurs !