Les JO d’hiver 2030 le pipeau durable

30 octobre 2023

Les régions AURA et PACA nous proposent pour 2030 des JO d’hiver « durables », « moins chers » et « verts ».

Ne se sont-elles pas un peu fourvoyées sur le vocabulaire employé ?

La définition de « durable » est la suivante :

De nature à durer longtemps, qui présente une certaine stabilité, une certaine résistance.

Comment envisager dans le contexte climatique en cours et à venir que les infrastructures sportives puissent durer longtemps ?

Renaud Muselier, lui-même, affirme qu’il y aura de la neige jusqu’en 2050 (propos très optimistes d’ailleurs corrigés par les scientifiques) et après ?

Est-ce que les 20 ans qui séparent la construction ou même la réhabilitation de sites existants de la fin programmée de la neige et du froid en montagne seront suffisants pour amortir les investissements colossaux qu’il faudra réaliser ?

Quel sera le taux de réutilisation de ses infrastructures, pour quelles compétitions ou autres usages, pendant combien de temps et à quel prix d’entretien ?

Combien de sites naturels et la biodiversité concernée seront détruits à jamais ? 

D’autant qu’en 1924, Chamonix recevait 258 athlètes pour 16 épreuves autour du village alors que Milan et Cortina d’Ampezzo recevront en 2026 plus de 3000 athlètes pour 116 épreuves auxquels s’ajouteront un millier de paralympiens pour 78 épreuves. Une inflation permanente de disciplines, de sites de compétition, d’athlètes, d’encadreurs, de comités nationaux et tout leur staff, de distances et de déplacements entre sites et villages olympiques, d’infrastructures de transports routiers, aéroportuaires et héliports, d’artificialisation des sols, de bitumes, de béton, de coupes d’arbres, de journalistes, de matériels de captation et de retransmissions, de sponsors, de spectacles pour les cérémonies d’ouverture et de clôture et bien sûr de spectateurs physiquement sur place.

En quoi tout ce cirque pour une quinzaine de jours est-il « durable » ?

Ces promesses sont évidemment intenables.Selon un sondage Ifop, commandé par la région Sud, 73% des Sud-Alpins seraient favorables à des JO d’hiver en 2030 dans les Alpes. Étonnant résultat obtenu étrangement..

La formulation de la question d’abord, très orientée et fermée  « Seriez-vous favorable ou pas favorable à l´organisation des Jeux olympiques et Paralympiques d´hiver de 2030 respectueux de l´environnement de nos Alpes françaises, et compatibles avec les impératifs climatiques? »

Le travail des sondeurs qui nous remonte à travers des personnes interrogées s »est avéré très orienté également.. Il n’était pas question de remettre en cause la respectabilité des JO d’hiver en rapport au climat et la biodiversité. C’était une évidence pour les sondeurs qu’on ne pouvait discuter. C’est comme si on vous demandait, « habiteriez vous sur Mars si la planète était fertile et respirable alors que la terre serait devenue invivable ? » Comme si les hypothèses énoncées étaient une réalité indiscutable. Probablement obtiendrions nous aussi ce pourcentage de pour et nous pourrions claironner haut et fort : « 73% des français sont pour habiter sur Mars »

Les résultats du sondage eux-mêmes transpirent une information qui relativise grandement le résultat. Seulement 30% des Sud-Alpins se disent intéressés par les compétitions de sports d’hiver. Surréaliste ! Les 3 quarts des sondés sont pour mais un tiers seulement s’y intéresse. les 40% de personnes qui ont répondu oui sans savoir de quoi on parle, Ils sont pour quoi finalement ? Etre pour quelque chose, c’est se sentir impliqué, c’est y avoir réfléchi, c’est être intéressé. Peut-on se dire pour quelque chose et n’y porter aucun intérêt ?

Cette fébrilité ressentie dans le vocabulaire marketing inadapté pour « vendre » les JO d’hiver dans les Alpes françaises ainsi que dans l’obtention d’un sondage fait à la va vite ne présage rien de bon pour cette candidature, elle aussi, construite dans l’empressement.–

DominiqueAllemand