TRIBUNE ALPINE

23 octobre 2023

Nous réclamons un référendum concernant l’organisation des JO d’hiver dans les Alpes
françaises en 2030


Qui sommes-nous ?

De simples habitant-es et associations des Alpes du Nord et du Sud qui nous opposons à
la candidature des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA) pour l’organisation
des Jeux Olympiques (JO) d’hiver en 2030. Contrairement à ce qu’en pensent nos élus régionaux,
départementaux et locaux, nous sommes d’une grande diversité et nous venons de tous bords.

Pourquoi sommes-nous opposés à cette candidature ?
C’est une candidature faite dans l’urgence, décidée par nos présidents de régions sans consultation des
citoyens.
D’autres que nous ont déjà refusé l’organisation des JO sur leur sol. En 2022 l’Espagne (Barcelone/Pyrénées)
se retire de la course à l’organisation, en raison d’une forte opposition de citoyens qui ne veulent plus que
l’argent public soit jeté par les fenêtres. La même année, Vancouver (Canada), qui organisa les JO d’hiver en
2010, s’est vue désavouée par la Province de Colombie-Britannique du fait des coûts exorbitants à engager.
En 2023, Sapporo (Japon) renonce aussi. Les scandales de corruption entourant les JO de Tokyo 2020, une
opinion lassée des dépenses exorbitantes et de l’inflation des coûts prévisionnels ont eu raison du projet. Salt
Lake City (organisatrice en 2002) envisage de repousser sa candidature pour 2034 afin de ne pas concurrencer
les JO 2028 de Los Angeles.
Face à cette déferlante d’abandons, le CIO, en quête d’une ville hôte, a dû revoir son agenda et raccourcir le
délai d’attribution. La Suisse (qui abrite le CIO), après 48 candidatures infructueuses rejetées par référendum,
la Suède, 8 fois candidate pour 8 échecs et pour finir, les Alpes françaises, ont vu là une opportunité pour se
positionner.

Cette candidature dans l’urgence ne peut être que bâclée, surcoûts et dérives financières à la clé, alors que
l’on vient de nous demander de travailler 2 années supplémentaires en repoussant l’âge de la retraite à 64
ans.
Le coût des JO d’hiver s’élève à plusieurs milliards. En cas d’annulation, le CIO demande aux états
organisateurs de verser une garantie et de prendre en charge l’ensemble des surcoûts.
Les JO n’ont jamais été rentables. Beaucoup des infrastructures sportives ne seront plus utilisées, à cause de
leur spécificité et de l’évolution prévisible des conditions climatiques après 2030. Tout cet argent aura été
investi pour 15 jours d’événements sportifs.

Nous nous opposons aussi à cette candidature pour les risques de clientélisme et de corruption qu’elle
comporte. L’appel d’offre pour l’élaboration du dossier de pré-candidature (350 000 euros) lancé au
printemps 2022 par Renaud Muselier, président de la région PACA a déjà fait l’objet d’un dépôt de plainte
pour favoritisme et trafic d’influences. Cette plainte, déposée en août 2023, sera instruite par le Parquet
National Financier.

Le président Muselier se comporte en despote et seul propriétaire de l’argent de nos impôts: Il a déclaré à La
Provence le 14/10/2023 que “si on a les Jeux, tout sera concentré sur les Jeux… Ceux qui n’en veulent pas
n’auront rien”. Nous savons que des appels téléphoniques ont été passés aux maires du 05 par des élus
départementaux et régionaux afin de les contraindre à donner un avis favorable aux JO sous peine de perdre
le soutien financier de la Région.

Par ailleurs, pouvons-nous faire confiance à nos élus sur la bonne gestion des dépenses publiques ? Prenons
comme exemple désastreux, les centaines de millions déversés dans l’urgence, cette fois-ci justifiée, pour la
reconstruction des vallées suite à la tempête Alex. Réhabilitation qui fait l’objet aujourd’hui d’un gel et d’une
enquête du fait de travaux payés non réalisés ou d’ouvrages aberrants réalisés sans contrôle, Ne devrait-on
pas s’alarmer ?

Faut-il aussi rappeler les engagements de la France en matière de climat à l’horizon 2030 ? La température
augmente 2 fois plus vite dans nos montagnes qu’ailleurs en France, et nous subissons chaque année les
effets du changement climatique, que nous soyons agriculteurs, employés de station, guides, hébergeurs,
etc.

Renaud Muselier nous parle de dameuses à hydrogène, de panneaux photovoltaïques dans les stations. Nous
lui parlons des milliers de spectateurs qui viendront en avion et en voiture, et des centaines d’hectares de
terres agricoles si précieuses qui vont mourir sous le béton. Sans parler de la ressource en eau détournée
pour alimenter les canons à neige. Cette eau provient de nos glaciers, et ils fondent à vue d’œil.

Pour nos présidents de régions, les JO permettraient le développement d’infrastructures au bénéfice de tous,
comme le train par exemple. Le train est une compétence des régions et depuis des années nos lignes se
meurent : les guichets ferment, les prix des billets augmentent, le personnel diminue, les créneaux horaires
disparaissent. Si nos régions voulaient que le train, transport d’avenir face au dérèglement climatique, se
porte mieux, elles auraient pu investir massivement dans le ferroviaire, JO ou non, depuis longtemps. Des
travaux d’une telle envergure ne pourront être achevés avant 2030.

Les JO vont provoquer une compétition entre stations de ski des Alpes. Les grandes stations avec une altitude
et une exposition favorable à l’enneigement, déjà bien équipées, dont l’accès est facile et la fréquentation
importante, seront privilégiées. Les plus petites, qui ont besoin d’appui et d’aide financière pour se
réinventer, se diversifier, seront délaissées, ainsi que leurs populations.

La bascule dans les années 60 d’une économie vivrière vers un système économique basé sur le loisir et le
tourisme a transformé le visage de nos montagnes. Ce système atteint aujourd’hui ses limites,
environnementales et sociales : inflation des loyers et de l’immobilier, destruction des terres agricoles et des
milieux naturels montagnards pour des projets immobiliers et de nouvelles infrastructures pour accueillir
l’afflux toujours plus important de touristes, et cela au seul profit de 10% de la population, qui peut s’offrir
des vacances au ski.

L’avenir passe désormais par un tourisme raisonné. Continuer à miser sur l’industrie du ski et des grands
événements est un mauvais calcul pour les générations futures car c’est miser notre avenir sur des activités
vouées à disparaître. Pour maintenir l’attractivité de la montagne, il faut, au contraire, la préserver de la
bétonisation, se soucier de sa pérennité et valoriser ses usages vertueux (agriculture, pastoralisme, artisanat,
construction durable, etc.).

Les investissements colossaux prévus pour les JO doivent être réorientés. Nous pourrions même anticiper
d’ores et déjà une année sans neige (car oui, cela arrivera) et commencer à constituer une caisse de solidarité
climatique pour les habitant-e-s et les saisonniers qui se retrouveront en difficulté. Tout cela vaudrait bien
mieux que d’entretenir à grands frais une piste de bobsleigh sous utilisée une fois les compétitions terminées.
Nous ne pouvons pas sacrifier la survie de nos territoires aux ambitions politiques personnelles de nos
présidents de région soutenus par le président de la République. Le CIO vend du prestige et de la renommée
internationale, les acheter à n’importe quel prix ne peut répondre aux besoins des populations.

Nous réclamons un référendum national concernant la candidature des Alpes françaises aux JO d’hiver 2030.
Le CIO lui-même exhorte, par la voix de son vice-président John Coates, les pays candidats à le faire pour
éviter un désistement au dernier moment.

Nous sommes tous engagés pour la défense de notre magnifique territoire que Renaud Muselier et Laurent
Wauquiez veulent transformer en parc d’attractions. Nous défendons la beauté de nos “pays” et la possibilité
pour tous d’y vivre. Nous invitons, tous les citoyens, organisations environnementales, scientifiques, politiques et syndicales, particulièrement ceux des Alpes, à s’opposer clairement à cette candidature, au gaspillage de l’argent public et à la catastrophe environnementale inévitable qu’elle implique.

Pour en savoir plus : https://no-jo.fr/
Pour signer la pétition : https://chng.it/5kN2Mf9DZ8

Article dans Reporterre: https://reporterre.net/JO-d-hiver-dans-les-Alpes-Nous-demandons-un-referendum#nh1

Article dans le Club de Mediapart: https://blogs.mediapart.fr/doallemand/blog/031123/jo-dhiver-coute-que-coute-au-forceps-pour-un-referendum

Signataires:

NO JO 05

Les Escartons Autrement Briançonnais

Adieu Glacier 05

Vercors Citoyens

Résilience Montagne

La Montagne qui donne, en Vie

Vigilance Mercantour

Eric Adamkiewicz

Dynamique Citoyenne des Baous (DCB) 06

Terre Bleue 06

Lionel Daudet

Collectif Ubaye-Haut Verdon

Comité local 05 Soulèvements de la Terre

Comité local 73 soulèvements de la Terre

Comité local 74 Soulèvements de la Terre

Attac 05

XR 05

EELV 05

EELV Pays de Savoie (73/74)

EELV 04

Chez les Croquignards

Collectif CALME Briançon

La Grave Autrement

XR Grenoble

XR Montblanc

XR Chambéry

MNLE PACA

MNLE National

Collectif Soupes et Bobines

ANB (Association Nationale pour la Biodiversité)

Étienne Davodeau, auteur de bande dessinée

Valérie Paumier, présidente fondatrice de Résilience Montagne

AESVC Cervières

Mountain Wilderness

SAPN-FNE 05

Rémy Servais, réalisateur film “La poudre aux yeux”

T’es rien sans la Terre, Artistes engagé.e.s pour l’environnement

Marie Pochon, députée EELV Drôme

Thomas Brail – Fondateur et Co-président du GNSA, grimpeur-arboriste, auteur du livre « L’Homme qui sauvait des arbres »

Association de Concertation et de Proposition pour l’Aménagement et les Transports – Thonon Haute Savoie

Briançon Citoyenne

Philippe Bourdeau – Enseignant-chercheur, Institut de Géographie Alpine de l’Université Grenoble-Alpes

Catherine Rainaudo association environnementale Roya Expansion Nature (REN)

Guillaume Gontard, Sénateur Isère – président du groupe écologiste, solidarité et territoires au Sénat

Jean-François Coulomme, député LFI-NUPES de la Savoie

Manuel Bompard, député LFI-NUPES des Bouches-du-Rhône

Andrée Taurinya, députée LFI-NUPES de la Loire

DAL 38 Droit Au Logement Isère

Alternatiba/ANV-COP 21 Grenoble

Alternatiba/ANV-COP21 Vallée de l’Arve

ANV-COP 21 Marseille

Les Amis de la Confédération Paysanne 05

La Confédération Paysanne 05

Monêtier Notre Village – Monêtier les Bains 05

Mr Mondialisation – Think tank informel et citoyen francophone à visée internationale

Confédération Paysanne Région AURA

FNE France Nature Environnement 65

Stéphanie Bodet – championne du monde d’Escalade et Ecrivaine

FNE région AURA

FNE France

Ensemble!06 – mouvement pour une alternative de gauche écologiste et solidaire