MILAN NO OLIMPIADI

16 octobre 2023

A l’occasion du World Congres for the Climate Justice, organisé à Milan du 12 au 15 octobre 2023, environ 400 personnes, venues de toute l’Europe, se sont introduites sur le chantier du village olympique pour dénoncer les saccages provoqués par l’organisation de ces jeux insoutenables.

Ce vendredi 13 octobre, la disqueuse a eu raisons des chaînes qui protégeaient les 1ères fondations du futur village olympique.

Les visages, non masqués, affichaient une sérénité joyeuse et une détermination à agir ensemble, au-delà des nationalités, faisant d’ailleurs échos aux nombreuses luttes NO BORDER et pour la justice sociale (voir site https://www.wccj.online/)

Compte-rendu, traduit de l’italien au français:

De la Montagne à la ville : les jeux insoutenables
Nous avions déclaré que, lors du Congrès Mondial pour la Justice Climatique (WCCJ), la « pax olimpica »(la paix olympique) aurait été rompue : c’est fait.
Avec plus de 500 activistes de l’Assemblée Métropolitaine « Jeux Insoutenables » et des mouvements écologistes internationaux qui étaient présents en ville, nous avons reconquis de manière spontanée, joyeuse et déterminée, à pieds et à vélo, les rues engorgées et polluées de Milan.
Nous sommes parti-e-s de l’Université « Statale », où avait lieu le WCCJ, vers corso di Porta Romana, corso Lodi, avec pancartes, banderoles et chœurs qui racontaient et rappelaient les nombreuses luttes en Italie et dans le monde et qui se sont retrouvées à cette occasion.
Le cortège est arrivé dans le lieu symbolique du développent urbain du « modèle Milan » et qui sera le centre des JO 2026 : le « Scalo Romana », à l’intérieur duquel sera construit le Village Olympique
En forçant l’entrée de Viale Isonzo, nous avons occupé le chantier où s’est déroulée l’assemblée des expériences et parcours actifs des territoires (locaux et internationaux). Nous avons partagé les moyens pour faire face au paradigme olympique, pour casser sa narration glorifiante et la fabrique du consensus qui est déjà en déroute. Pendant les débats très nourris, à l’extérieur les activistes du Collectif « Giochi pericolosi » décoraient les grilles du chantier avec pancartes, banderoles et tags.
Le fruit des débats est la mise en évidence du fait que les JO n’ont plus aucun lien avec le sport, mais au contraire, ils en déterminent la crise puisque ils soustraient les fonds publics à la pratique sportive de la population. Ils ne sont qu’une machine à mobiliser le capital et transformer villes et territoires. A cet égard, on considère les JO comme le paradigme de l’insoutenabilité du modèle de développement actuel. En un mot, INDÉSIRABLES : vis à vis du coût social et environnemental qu’ils génèrent et de l’héritage de dette publique, dévastation écologique et villes « à la mesure de riches » qu’ils laissent après leur passage. Le quartier populaire de Corvetto, à proximité de « Scalo Romana », enregistre, à cause des JO, la plus grande augmentation des valeurs immobilières de toute la métropole de Milan, alors que le logement dans cette ville est déjà en proie à la spéculation.
L’insoutenabilité des JO Milano-Cortina 2026 a donné naissance et fait grandir différents mouvements et comités dans tous le nord de l’Italie : de Milan à la Valtellina, de Venise à Cortina. Ces mouvements citoyens sont en train de renverser la rhétorique des Jeux les plus « écolos » de tous les temps et à coût zéro, s’il vous plaît : mais on en est déjà à 3 milliards d’euros de dépenses publiques pour les seules œuvres liées directement à l’événement, sans compter les infrastructures accessoires qui feront encore grimper la facture vu les pénalités de retard.
En ce qui concerne la ville de Milan, les JO creusent encore le sillon d’Expo2015 car ils accélèrent les dynamiques de « touristification » globale et de gentrification des quartiers populaires, en soldant les espaces publics et en augmentant l’artificialisation et la consommation des sols.
Dans les vallées des Alpes, en plus des pistes inutiles pour les compétitions (voir la piste de bobsleigh qui semble être effacée de la liste grâce à la mobilisation des mois précédents), fleurit une multitude de projets de nouvelles remontées mécaniques, SPA, hôtels, bassines et systèmes pour la neige artificielle. Ce modèle d’exploitation des Hautes Terres est proposé à nouveau, et pas seulement là où les JO sont prévus. Ce n’est ni soutenable ni supportable, ni pour l’environnement ni pour les habitants.
En conclusion, cette belle journée de mobilisation a porté dans les rues de la ville un récit différent du prochain saccage olympique, et a montré aussi la présence de l’opposition aux JO à Milan. Le thème de la non-soutenabilité des grands événements a été ramené dans le débat public de cette grande ville qui voudrait en faire un moteur de développement économique.
Ce jour n’était qu’un début : le prochain rendez-vous (que nous voudrions international, mais qui reste à construire) est fixé pour le 6 février prochain : deux ans avant le début des JO2026, une nouvelle journée de mobilisation des territoires concernés par les projets passés, présents et futurs des JO, pour la défense des écosystèmes montagnards et pour supporter du Droit à la Ville, dans les centres urbains.
Restez connectés !