Plus personne ne veut des JO
De moins en moins de territoires souhaitent accueillir les Jeux d’hiver, à tel point que le Comité International Olympique (CIO, organisation mafieuse digne de la FIFA) a repoussé d’un an la date limite des candidatures pour les JOP 2030, permettant ainsi à Vancouver et Sapporo de revenir dans la course avec Salt Lake City.
Retrait des candidatures
Le Japon qui est en plein scandale de corruption lié aux JOP d’été 2021, et la ville de Sapporo, sous la pression populaire, ont préféré « geler » leur candidature pour le moment.
Vancouver s’était retiré en octobre 2022, suite au veto du ministère du Tourisme, de la Culture et des Sports de Colombie Britannique : “Notre province ne soutiendra finalement pas cette candidature olympique qui nous coûterait plusieurs milliards. Nous préférons utiliser notre temps et nos ressources pour aider aux besoins de nos compatr
Salt Lake City, quant à elle, n’est pas une candidate idéale pour le United States Olympic and Paralympic Committee, car les JOP seraient organisés deux fois de suite aux États-Unis (après Los Angeles en 2028). Le 8 février dernier, la Suède a fait savoir qu’elle envisageait une candidature, mais ce projet reste incertain.
Candidature PACA 2034
La réticence de plus en plus grande des régions à accueillir les JOP d’hiver est une bonne nouvelle pour le mouvement international anti-olympique, mais pas pour la région PACA, qui risque bel et bien de devenir ville hôte des JOP d’hiver tant les candidates se font de plus en plus rares. D’autant plus que le CIO commence pour la première fois à évoquer l’idée d’une « rotation » des Jeux Olympiques d’hiver au sein d’un nombre restreint de régions hôtes, qui devraient avoir « des conditions climatiques fiables » : les Alpes du Sud pourraient alors devenir l’un des lieux privilégiés des Jeux d’hiver…
Catastrophe économique
En termes de budget public, les JOP n’ont jamais été et ne seront jamais bénéfiques.
Gouffre financier
Après les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver d’Albertville en 1992, la ville a connu un grand déficit budgétaire (le budget des JOP est passé de 3 milliards prévus à 12 milliards de francs). La politique d’austérité qu’a connu la ville les vingt années suivantes a provoqué des fermetures de services publics et une hausse de la taxe d’habitation de 40 %.
Certains processus et aspects économiques pourtant bien connus ne sont pas pris en compte lors des estimations des coûts et des retombées économiques des JO :
– les effets d’éviction sur l’affluence touristique
– la “malédiction du vainqueur” qui entraîne des surcoûts considérables par rapport aux budgets initiaux,
– le démantèlement et le recyclage de certaines infrastructures olympiques…
Augmentation des loyers
L’arrivée des JO dans les Hautes-Alpes participera à l’augmentation du prix des loyers, qui sont déjà en train de flamber, notamment sous l’effet des locations saisonnières de type Airbnb.
Accueillir les JOP d’hiver coûte extrêmement cher au territoire-hôte, et il faut croire fermement à la théorie du « ruissellement » pour défendre l’idée d’un développement économique pour les habitant-es. Albertville en tout cas l’attend toujours…
Déni démocratique
Il faut savoir aussi que les JOP permettent de déroger au droit commun sur les projets d’urbanisme.
L’accueil des JO nécessite l’adoption de la loi olympique par le pays hôte pour ensuite signer le contrat ville hôte avec le CIO. Celle-ci implique que les constructions estampillées olympiques pourront être mises en œuvre en passant par des procédures accélérées de consultation et de débat public.
Les recours démocratique sur un projet d’urbanisme par les habitant-es devient extrêmement difficile… C’est donc l’occasion de passer des projets contestés, comme le prolongement de l’Autoroute entre Grenoble et Sisteron.
Saccage environnemental
Artificialisation des sols
Les JOP sont l’occasion de « moderniser » les infrastructures touristiques de la région. Il s’agit là d’un type de modernisation à taille olympique, qui accapare les terres et les ressources, souvent au détriment des populations locales les plus précaires, pour un usage limité aux quatre semaines des Jeux ou au mieux réinvesti partiellement pour le loisir des élites.
Les Jeux d’hiver impliquent aussi la construction de voies routières pour relier les infrastructures entre elles, des autoroutes (A51 ?), voire de nouvelles lignes de train à grande vitesse ou même des aéroports (c’est le souhait par exemple de l’actuelle ministre du tourisme italienne Daniela Santanché pour les prochains Jeux d’hiver à Cortina).
Pollution
Pour ce qui est des sites sportifs, les JOP d’hiver impliquent nécessairement de nouvelles constructions, même si la région PACA en a déjà quelques unes.
La piste de bobsleigh, les tremplins à ski, la patinoire olympique, font par exemple partie des constructions incontournables et particulièrement polluantes. Pour beaucoup d’anciennes villes hôtes, ces infrastructures sont devenues des « éléphants blancs », des constructions démesurées devenues inutiles et ayant détruit, bétonné et pollué d’immenses pans de montagne.
Et c’est sans parler des dégâts écologiques qui vont avec : la neige artificielle (à Pékin en 2022, les athlètes ont skié sur une neige à 100 % artificielle), les produits chimiques pour le bobsleigh…
Vidéosurveillance
Les JOP sont toujours l’occasion d’un bond en avant en termes de déploiement sécuritaire sur le territoire.
Et évidemment, les transformations législatives et technologiques initiées pour les JOP restent après l’évènement…
Au Japon, la reconnaissance faciale a pu être autorisée grâce aux JOP de Tokyo prévus en 2020. En France, la loi Sécurité Globale et la loi Olympique 2 sont dans le même sillage : il faut autoriser « l’expérimentation » de technologies sécuritaires sur le territoire en amont de 2024, pour qu’elles soient techniquement prêtes et juridiquement approuvées pour les Jeux.
Pour les industries des technologies sécuritaires, les JO sont une vitrine pour leurs jou-jous à l’international. Pour les villes, c’est l’occasion inespérée d’un quadrillage plus serré des espaces publics (la ville de Saint Denis passe de 90 à 400 caméras de surveillance pour 2024).
Article remanié à partir de l’article original de Saccages 2024 à lire sur Le monde est une île